Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

storypolitique.overblog.com

storypolitique.overblog.com

Histoire d'un homme et d'un territoire


Révolution de la com' politique : pourquoi le Storytelling ?

Publié par BOYER Elisabeth sur 11 Février 2013, 13:32pm

 

 
"Les peuples heureux n'ont pas d'histoire" HEGEL.
 
Que vous ayez la chance de savoir raconter des histoires ou de rapporter celles des autres, ou que vous soyez sans talent pour l'un ou l'autre, vous avez vérifié qu'il est plus facile de se souvenir d'une histoire racontée que d'une poésie. La raison est simple : on ne se souvient que de ce qui a été compris aisément et qui a frappé l'imagination ou le coeur.
Pour adhérer à une narration, il faut que celle-ci dise quelque chose de la condition humaine, des joies, des peines, des espérances et des drames de la vie. L'amour, la mort, les échecs, les injustices, bref, une histoire doit évoquer tous les épisodes de la vie.
Elle doit nous faire rêver aussi et nous projeter dans l'avenir, gonflés d'espoir. Les grandes histoires racontées dans la littérature, le cinéma ou le théâtre méritent ce qualificatif de "grandes" pour les bienfaits qu'elles nous apportent.
 
La politique est aussi un domaine où les aspirations humaines se cherchent et se retrouvent parfois dans le discours de ce qu'on appelle "les tribuns". C'est-à-dire ceux qui sont doués d'une bonne rhétorique et d'une capacité à parler en images. Des évocations justes de la réalité qui émeuvent par leur vérité, leur ironie, et qui donnent aux mots un pouvoir mobilisateur.
 
Ce talent tribunicien est devenu rare aujourd'hui, les bons orateurs aussi. Il a été remplacé par la communication politique qui a emprunté ses techniques à celles conçues pour les marchandises. La com' marchande a pour objectif de déclencher la pulsion d'achat en montrant les qualités et avantages uniques d'un produit, et en faisant croire surtout "qu'il va vous changer la vie".
 
C'est ainsi qu'à chaque campagne électorale, le candidat se "montre" et se vante comme une marchandise "qui va vous changer la vie".
 
On comprend le problème de la communication politique. Loué tel un produit, l'homme politique - conseillé par des communicants - est toujours présenté sous son meilleur profil ; c'est-à-dire éclairé pour moitié. Il n'est pas question de le montrer faible, hésitant, ou face à ses échecs. Il est aussi interdit de parler des sujets qui fâchent ou de laisser apparaître des zones d'ombre ; le passé est relégué, jugé inutile et improductif. Le portrait médiatique du politicien est d'emblée emputé d'une partie de lui même, de sa part d'homme ordinaire. On a coutume de dire qu'"un homme politique n'est jamais mort". Il est fait allusion à l'énergie qu'un "perdant" est capable de déployer pour se réhabiliter publiquement après des échecs cuisants. Les comeback en politique sont assez populaires car le quidam est réconforté de constater que le "perdant" a, comme lui, des soucis, mais qu'il les a surmontés ce qu'il espère aussi pour lui-même.
 
La communication politique dans ses présupposés triche tellement avec la réalité qu'elle s'est largement disqualifiée aux yeux des citoyens. La preuve en est le mépris avec lequel les électeurs repoussent les tracts et documents de propagande officielle au moment des élections. A la poubelle ou jetés sur le trottoir ! Les mots en politique "ne veulent rien dire" ou "n'engagent à rien" ou "ne servent à rien" ! L'impuissance du politique et de sa parole sont clairement dénoncés.
 
Pour autant, les citoyens ont une idée assez juste du niveau des difficultés que les dirigeants politiques ont à résoudre. Ils ne les prennent pas pour des surhommes et mesurent l'ampleur des désordres économiques et financiers du monde qu'il leur faut affrontrer et tâcher de juguler. Ce champ de bataille ne les fait pas douter de la valeur culturelle politique.
 
Les citoyens ne se désintéressent de la politique, au contraire ! Ils l'aiment et apprécient les débats télévisés où les candidats sont mis en situation de révéler leur nature et leur authenticité, de "fendre l'armure" ou, au contraire, de craquer sous la pression.
 
Les primaires socialistes, à cet égard, ont été un exercice médiatique édifiant et utile pour revoir de fond en comble les méthodes de la communication politique.
 
Le storytelling doit contribuer à changer les techniques de la communication politique. Il s'agit d'aller chercher l'homme politique, de le questionner, de l'engager dans une maïeutique qui fasse surgir l'authenticité du personnage, qui devient alors, dans cet exercice, l'historien de sa propre histoire. Un dialogue soutenu et courtois avec un tiers amène l'homme politique à "mettre ses tripes sur la table" puisqu'il lui revient d'expliquer lui-même son parcours politique avec ses hauts et ses bas et d'en donner un interprètation dont la profondeur intellectuelle et morale est livrée à une appréciation extérieure, celle du public.
 
Cette mise en danger de l'homme politique est le prix à payer pour obtenir, en retour, la confiance des citoyens, qui sont très attentifs à la façon dont l'homme politique se soumet à l'épreuve et y révèle sa part de vérité. Cette expérience à nu est susceptible de faire surgir de nouvelles personnalités, et des talents indispensables pour faire reculer le soupçon d'imposture qui pèse aujourd'hui sur l'ensemble de la classe politique.
 
Le storytelling redonne de la puissance aux images sonores, qui, mêlées aux images visuelles, couvrent tous les champs du film, qui est en lui-même force d'illusion et de persuasion.
 
Il revient à l'homme politique d'en faire un outil de communication au service du progrès et de la vérité qui est une exigence démocratique.
 
Révolution de la com' politique : pourquoi le Storytelling ?
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article